
La crise de 1997 et le nationalisme économique Malais
Ce passage demande des connaissances en économie plus assujetties, néanmoins si le sujet vous intéresse, on vous recommande de lire "Pourquoi les crises reviennent toujours" de Paul Krugman (prix Nobel 2008), qui analyse la crise asiatique de 1997, dans laquelle il voit les prémisses de la crise de 2009.
Néanmoins, la croissance économique cachait les défaults structurels de l'économie malaisienne. En effet, Mahatir prône un régime de taux de change fixe inadapté à l'économie malaisienne dans l'espoir d'attirer les investisseurs internationaux (dans lequel le cours du ringgit est axé sur le cours du dollar 1 ringgit = 1 dollar). Ce système permet d'apporter une certaine stabilité économique et favorise l'investissement et le commerce international , mais de l'autre côté, le pays abandonne sa souverainté monétaire et ne peut pas dévaluer sa monnaie en cas de contre-choc. En outre, la Malaisie possède un système financier fragile et surendetté (similaires aux subprimes de 2008, les prêts sont accordés facilement) , et fait face au dévelloppement du clientélisme (corruption dans l'entourage de Mahatir) et son économie est fortement dépendante des marchés asiatiques.
L'ensemble de ces facteurs vont amenés à la terrible crise de 1997 qui toucha l'ensemble de l'Asie. Partie de Thaïlande, l'enclenchement de cette crise est dû à la surchauffe de l'économie thaïlandaise, le bath est en effet surévalué face au dollar. Le gouvernement thaïlandais refuse de dévaluer pour éviter d'effrayer les investisseurs, malgré le fait que le bath est perdu près de la moitié de sa valeur, et la banque centrale de Bangkok injecte plus de 20 milliards de dollars pour défendre sa monnaie. Mais une peur panique s'empare des marchés financiers qui comprennent que la bulle asiatique risque d'exploser. C'est le début d'une forte spéculation à l'encontre des monnaies asiatiques qui entrainera mecaniquement une peur frénétique des investisseurs occidentaux qui retirèrent leur capitaux.
L'onde de Choc thaïlandaise se propage à travers toute l'Asie, et particulièrement chez son voisin dont les proximités économiques et géographiques amènent mécaniquement la Malaisie à s'effondrer aussi. Néanmoins, Mahatir reste persuadé que cette crise ne serait que passagère étant donné les fondements économiques de la Malaisie sont solides. Mais la chute des cours de la Bourse de Kuala Lampur accentue les peurs occidentales et la fuite des capitaux prend une ampleur considérable. Le ministère de l'Économie sous la direction de Anwar Ibrahim, propose un plan de redressement d'inspiration libérale (réduction de dépenses, taux d'intérêt fixés par le marché, gel des commandes de l'État...) très proche de celui proposé par le FMI, qui avait été refusée par Mahatir en raison de ces opinions anti-occidentales, et du fait qu'il considère le FMI comme l'un des responsables de cette crise (le FMI avait participé à la libéralisation économique du pays) .
Le plan d'Anwar n'engendre pas les résultats souhaités, et désormais deux écoles s'affrontent, celle du nationalisme économique représenté par Mahatir et l'école plus libérale du vice-premier ministre. La crise économique se double donc d'une crise politique entre libéraux et nationaliste. Finalement, au milieu de l'année 1998, la politique d'austérité d'Anwar est perçue comme un échec, et la "National Economic Recovery Plan'' est décrétée par Mahatir. Le gouvernement prend, à contre-pied les propositions d'Anwar est décidé de relancer la demande en 'inspirant des idées Keynesiennes. Le gouvernement injecte des liquidités dans le système financier et décrète une politique de grands travaux, et instaure un contrôle rigoureux sur l'entrée et sortie des capitaux dans le pays.
Les nationalistes économiques sortent gagnants de leurs confrontations avec les libéraux, en effet, après une contraction de 7,5% du PIB en 1998, le gouvernement connut un an plus tard une croissance de 5,5% du PIB, et Anwar sera emprisonné au cours d'un procès jugé frauduleux.
Ci-dessous, un excellent reportage sur la crise asiatique de 1997, réalisé par Arte et décomposé en 4 parties. Les quatres parties sont présentées en ordre croissante.