
La décolonisation
La Malaisie fut placée sous l'autorité d'un commandement japonais installé à Singapour qui, se substituant aux gouverneurs britanniques, laissa en place les sultans et s'appuyant plutôt sur les malais. En revanche, ils sévissent contre les Chinois (perçue comme des communistes), qui étaient en majorité hostiles aux Japonais. En effet une résistance armée, l'armée Antijaponaise prend forme autour des communistes et des Chinois.
Lorsque le Japon capitula, l'armée anti-japonaise reprit le contrôle de la Malaisie, et c'est elle que les Britanniques trouvèrent comme autorité de fait. Mais, se déclarant prête à coopérer avec les Anglais, elle lui remit une grande partie de ses armes et, en décembre 1945, prononça sa dissolution. Les Chinois sortent vainqueurs de cette guerre, et au vu de leur prestige de résistants, ils espèrent obtenir de Londres un statut préférentiel.
Les Britanniques reprirent le contrôle militaire et politique du pays et s'employèrent à remettre en marche l'économie, fortement désorganisée par l'occupation, mais ils avaient en secret, déjà adopté un projet politique. Le 1er avril 1946, une Union malaisienne est mise en place, dans laquelle les sultans sont dépouillés de leurs pouvoirs, et où l'autorité anglaise est prééminente. En outre, une citoyenneté unique était créée pour toute l'Union, ce qui donnait aux Chinois le droit de vote.
La réaction malaise fut prompte, en effet, ils avaient jusque-là compté sur les Anglais pour les protéger contre la domination chinoise. Or ils estimaient que le nouveau régime allait établir celle-ci. Dès janvier 1946, un aristocrate, Dato Onn, organisait la résistance, lançant une campagne pour la défense de la souveraineté des neuf sultanats malais. En 1946, de nombreuses organisations politiques fusionnent pour créer un nouveau parti, l'Organisation nationale unie des Malais. Le mouvement de protestation et de boycott des Malais prit une telle ampleur que dès juillet 1946 les Britanniques, comprenant qu'ils ne pourraient pas faire fonctionner l'Union malaisienne, mettaient à l'étude un autre projet. Ils proposèrent une structure moins centralisée, celle d'une fédération, où les sultans retrouvaient la plupart de leurs droits et pouvoirs. Le projet, accepté par les Malais, entra en vigueur le 1er février 1948.
Mais le projet se heurta immédiatement à l'opposition résolue des Chinois. En juin 1948, les communistes (pratiquement tous chinois) des syndicats et du Malayan Communist Party déclenchèrent la grève générale. Les Britanniques, soupçonnant le parti de vouloir créer une République démocratique de Malaisie calquée sur le modèle soviétique,proclamèrent alors l'« état d'urgence » (Emergency). Les communistes sont désormais pourchassés par les Anglais, et se lancent dans la guérilla (voir photo). Néanmoins, la vie politique suit son cours.

En 1955, lors des élections fédérales, une alliance de partis prend le pouvoir, regroupant les partis malais, Indiens et chinois sous la bannière du Barisan Nasional, ou front national, sous la direction de Tunku Abdul Rahman. Dans l'espoir de mettre fin à l'Emergency (et à la guerre), il offrit une amnistie à tous les rebelles qui se rallieraient. Les communistes se disaient prêts à cesser la lutte armée, mais en échange d'une légalisation du parti et de la garantie qu'il n'y aurait pas de répression. Et le 1er aout 1960, Tunku Abdul Rahman déclare la fin de l'état d'urgence.
En parallèle, le gouvernement poursuit des négociations avec les autorités britanniques pour obtenir son indépendance. En 1956, des négociations sont entamées pour écrire une constitution, et négocier son statut dans le Commonwealth.


Ci dessus, la signature de la déclaration d'indépendance de la Malaisie en 1957, à la Lancaster House
En 1949, ce soldat britannique contrôle l'identité d'un Malais. Les autorités luttent contre la guérilla communiste
Ci-dessus l'assaut de Singapour par les forces japomaises en 1942
La nouvelle consacrera la prépondérance des Malais, l'islam est reconnu comme religion d'État, et le Malais et l'anglais sont les langues officielles, droits spéciaux pour les Malais (fonction publique). La constitution fait de la Malaisie une monarchie parlementaire et fédérale. Le roi était l'un des neuf sultans élus à tour de rôle à cette fonction pour cinq ans chacun par ses pairs. Le Parlement, devant lequel le cabinet était responsable, comportait une chambre, entièrement élue, et un sénat, expression des États fédérés, lesquels conservaient leur gouvernement.
La Fédération de Malaisie fut déclarée indépendante le 31 août 1957, et la nouvelle constitution entra en vigueur. En septembre 1957, elle était admise à l'O.N.U.